Faire un audit de sa sécurité incendie en fin d’année
une étape incontournable pour prévenir les risques
En matière de sécurité incendie, la fin d’année représente un moment stratégique pour effectuer un audit complet de ses installations et dispositifs. Ce diagnostic permet non seulement de vérifier la conformité réglementaire de l’établissement, mais également d’anticiper les éventuelles failles ou dérives qui pourraient compromettre la sécurité des personnes et des biens. Que l’on soit responsable d’un ERP (Établissement Recevant du Public), d’un IGH (Immeuble de Grande Hauteur), d’un site industriel ou d’un simple bâtiment tertiaire, cette démarche est une exigence de bon sens et de rigueur, fortement recommandée voire obligatoire dans certains cas.
Voici un guide structuré et technique édité par Prodif-Plan pour procéder efficacement à cet audit de sécurité incendie, en balayant tous les aspects essentiels : affichage réglementaire, vérification des équipements, plans de sécurité, formations, consignes, accessibilité, désenfumage, éclairage, moyens de secours, etc.
1. Vérification des affichages réglementaires
Un bon audit débute par la vérification des affichages de sécurité obligatoires, en conformité avec le Code du travail (articles R. 4227-34 à R. 4227-41) et le règlement de sécurité applicable (ERP ou autres).
À contrôler :
- Plans d’évacuation affichés à chaque niveau, à proximité des escaliers, ascenseurs, et sorties (norme NF X08-070).
- Consignes de sécurité incendie affichées de manière visible, avec les numéros d’urgence (18, 112, 15).
- Signalétique des issues de secours, conforme à la norme NF EN ISO 7010 : éclairée et photoluminescente.
- Affichage de l’emplacement des extincteurs, des RIA, des colonnes sèches.
- Éventuelles interdictions de fumer et signalétiques relatives aux produits inflammables.
2. Contrôle des équipements de lutte contre l’incendie
Il est impératif de vérifier la maintenance et la validité des différents moyens de secours installés dans l’établissement.
Extincteurs portatifs :
- Vérification annuelle obligatoire par une société agréée (conformément à la norme NF S 61-919).
- Étiquettes de maintenance bien à jour avec la date et le nom du technicien.
- Accessibilité sans obstacle.
- Appropriés aux types de risques (classe A, B, C, D, F).
- Quantité suffisante : au minimum un extincteur pour 200 m², et un extincteur à moins de 15 mètres de tout point.
Robinets d’Incendie Armés (RIA) :
- Contrôle semestriel selon la norme NF S 62-201.
- Vérification du débit, de la pression, de l’enroulement du tuyau, de l’absence de fuite.
Moyens d’extinction automatique :
- Vérification annuelle pour les systèmes sprinklers, déversoirs d’eau ou mousse, etc.
- Contrôle de la pression des réservoirs, des têtes de diffusion, des clapets.
Colonne sèche :
- Essai de pression obligatoire tous les 5 ans.
- Contrôle visuel annuel.
3. Mise à jour des plans de sécurité
Plans d'Intervention et d'Évacuation
Les plans doivent refléter la réalité architecturale et l’organisation actuelle des locaux. Une vigilance particulière est requise pour maintenir leur exactitude. Toute modification du cloisonnement, la création de nouveaux bureaux, ou la suppression ou l'ajout de locaux techniques doivent être immédiatement répercutés sur les plans. De même, la mise à jour des zones de désenfumage, des cantonnements, des issues de secours, et des portes coupe-feu est essentielle. Il faut également veiller à la mise à jour des plans SSI (Systèmes de Sécurité Incendie), incluant les plans des organes de coupure, etc. Enfin, dans le cadre des ERP (Établissements Recevant du Public), toute modification structurelle nécessite une relecture par la commission de sécurité.
4. Systèmes d’alarme, alerte et détection
Systèmes d’Alarme, d’Alerte et de Détection
Une vérification complète du SSI est à planifier, avec un enregistrement rigoureux des tests effectués. Il est crucial de s'assurer du fonctionnement de l’alarme sonore, laquelle doit respecter la norme NF S 32-001 et être audible dans tous les locaux. Les détecteurs de fumée ou de chaleur doivent être soumis à un nettoyage régulier, à un remplacement si nécessaire, et à des tests de déclenchement. Les tableaux de signalisation doivent comporter un schéma fonctionnel à jour. Enfin, l'alimentation de secours doit être vérifiée, avec des batteries testées pour garantir le respect de l'autonomie requise.
5. Éclairage de sécurité et ambiance
Éclairage d’évacuation :
- Test d’autonomie (minimum 1 h en cas de coupure secteur).
- Vérification de l’intensité lumineuse : minimum 5 lux dans les cheminements, 10 lux pour les obstacles, 45 lux pour les changements de direction.
Éclairage d’ambiance :
- Conformité aux besoins d’exploitation et évacuation en cas de fumée.
6. Désenfumage naturel et mécanique
Conformément à l’Instruction Technique IT 246, les dispositifs de désenfumage doivent être opérationnels.
Contrôles :
- Test des ouvrants de désenfumage naturel (DENFC) : déclenchement manuel et automatique.
- Ventilateurs de désenfumage mécanique : contrôle des moteurs, filtres, trappes.
- Vérification de l’étanchéité des cantonnements, portes coupe-feu stables au feu (EI 60 minimum).
7. Formation et sensibilisation du personnel
L’audit doit inclure un bilan de formation sécurité incendie :
- Exercices d’évacuation au minimum une fois par an (article R. 4227-39).
- Formation des équipes de première intervention (EPI), manipulation extincteurs.
- Formation des serre-files et guides-files.
- Registre des formations à jour.
- Si un Service de Sécurité Incendie (SSIAP) est présent, vérification des recyclages.
8. Accessibilité des secours et défense extérieure contre l’incendie
Accès pompiers :
- Largeur des voies : minimum 3 mètres, hauteur libre 4 mètres, aire de giration 13 m de rayon.
- Bouches ou poteaux incendie : pression suffisante, signalisation visible, test débit.
9. Documents et registre de sécurité
Documents et Registre de Sécurité
L’audit de sécurité incendie doit impérativement aboutir à la mise à jour complète et exhaustive du registre de sécurité incendie. Ce registre est un document clé qui doit obligatoirement inclure tous les rapports de vérifications réglementaires (concernant les extincteurs, les RIA, le SSI, le désenfumage et l'alarme), les plans à jour du bâtiment, les attestations de formation du personnel à la sécurité incendie, les comptes-rendus des exercices d'évacuation réalisés, ainsi que toutes les remarques ou prescriptions émises par la dernière commission de sécurité.
10. Recommandations Finales
Suite à l'audit, il est crucial de planifier des actions correctives structurées sous forme de fiches détaillées, en désignant un responsable clair et en fixant une échéance pour chaque action. Il est recommandé de classer les non-conformités détectées par niveau de criticité (immédiate, à court terme, ou à programmer) afin de prioriser les interventions. Enfin, pour assurer une veille constante et une amélioration continue, il faut prévoir un audit annuel mené avec un référentiel constant, idéalement réalisé en collaboration avec un organisme habilité ou un bureau de contrôle spécialisé.
Conclusion
Réaliser un audit de sécurité incendie en fin d’année est une démarche structurante, essentielle pour garantir la conformité réglementaire et surtout la protection des personnes et des biens. Il permet de dresser un état des lieux précis de l’installation, d'actualiser les dispositifs de sécurité, de renforcer la culture du risque au sein de l’entreprise ou de l’établissement, et de démarrer la nouvelle année sur des bases saines et sécurisées.
Prévoir, c’est déjà protéger.

